A QUOI NOUS SERT DE CHANTER ? Quand on parle de chant, en même temps on parle de musique. Comment dissocier ces deux manifestations d’un même phénomène ? La voix n’est qu’un instrument au service de la musique, mais de par la diversité de ce que l’organe peut offrir à notre sensibilité, le chant est porteur d’un surplus d’émotions. Ce qui nous atteint au plus profond de nous-mêmes. La musique peut se décrire comme une succession de vibrations, qu’on schématise en vagues ondulantes plus ou moins larges et dont les différentes harmonies vont aller directement toucher ce qu’il y a de plus sensible en nous. Si son pouvoir n’est plus à démontrer, l’influence de la musique se mesure non seulement sur l’être humain mais aussi sur le reste du monde vivant, les animaux autant que les végétaux, beaucoup d’études sur le sujet ont été publiées.
Il y aurait beaucoup à dire à ce propos mais je vais juste regrouper les principales grandes lignes qui résument les bienfaits d’un art qui nous rejoint souvent jusque dans notre spiritualité Le premier atout de la musique est le plaisir qu’elle procure. L’harmonie des sons vient solliciter l’harmonie de notre être intérieur, on dit que la musique adoucit les mœurs, cela dépend du genre et de l’instant. En nous transmettant des émotions positives elle provoque la libération de dopamine par le cerveau, cette hormone du plaisir et de la récompense vient réduire le niveau de stress créé par la pression exercée par le flux de l’activité humaine. Et Dieu sait que ces moments sont nombreux et leurs effets dévastateurs pour la santé autant que dans les relations entre les gens !
Cependant le goût pour la musique ne produit pas toujours les bienfaits dont on aime à la parer, il existe des cas où son rôle est un argument pour des comportements nocifs. On peut ne pas ignorer les risques de ces violentes vibrations qu’on range dans un certain genre musical et qui apporte à ses auditeurs une excitation malsaine. Par des fréquences néfastes et des volumes d’écoute exagérés les conséquences sur le système nerveux ne sont pas négligeables. Amplifiés par la prise de drogues ces comportements d’une partie de la jeune génération les transforment en meutes brutales où une espèce d’insensibilité s’installe et pousse à une violence qui semble s’installer dans notre société toute entière. Bien sûr la musique évolue avec son époque, elle s’adapte aux mœurs et aux évènements qu’elle reflète en tout temps mais certaines dérives mènent à des nuisances individuelles autant que collectives.
Des musiques déchainées mènent parfois des gens dans une excitation allant jusqu’à un état de transes, certains deviennent si énervés que le moindre détail peut finir en bagarre. En fait un comportement en induit d’autres et l’ensemble devient explosif, j’entends par là que c’est le résultat d’une ambiance où le bruit, l’alcool et les stupéfiants se combinent pour créer des situations dangereuses. On a vu aussi que, par exemple de trop fortes vibrations d’un concert peuvent déclencher une crise chez un épileptique mais ce n’est pas la musique elle-même qui est en cause mais le genre musical et le volume d’écoute. Il existe aussi une catégorie de gens qui n’aime pas la musique, ils y sont même allergiques, on parle alors de la musicophobie et Théophile Gautier en était un sévère ! Mais on ne va pas s’arrêter à ces phénomènes qui ne font pas une majorité et peuvent être maîtrisés si on le veut.
On en revient aux bienfaits dont la musique gratifie la plupart d’entre nous, un de ses aspects notoires est son pouvoir soignant. La thérapie par la musique, la musicothérapie est couramment utilisée pour diminuer certaines douleurs ou rétablir des fonctions cognitives dans les cas de maladies neurodégénératives. Douce elle peut calmer les agités, les malades dépressifs, apporter un peu de paix ou une consolation sur les tourments de l’âme. En quelque sorte elle agit comme une enveloppe protectrice contre les influences des pensées invasives. Les sportifs ont aussi remarqué que la musique aidait à être plus endurant, et cela parce qu’en les distrayant elle leur fait oublier l’effort, je pense que la motivation pour la pratique d’un sport peut augmenter quand elle permet de profiter de la musique.
Même si le Quatrième Art apporte de nombreux bénéfices personnels à ceux qui l’écoutent elle génère aussi beaucoup de bien à ceux qui s’adonnent à sa pratique. Outre le lien social qu’il crée entre les membres d’un groupe, le fait d’être toujours dans un apprentissage rigoureux oblige le cerveau à rester en éveil. Il est en effet très sollicité à faire des efforts supplémentaires et ceci afin d’améliorer sa pratique autant qu’à maitriser la théorie. La personnalité du musicien s’enrichit donc de qualités telles que la patience, l’assiduité, la persévérance. Faire partie d’un groupe développe un esprit de tolérance vis-à-vis des personnes avec qui il ou elle est en relation, car la musique a cela de bon qu’elle gagne à être pratiquée à plusieurs pour s’intégrer dans un ensemble harmonique et parfois en symphonie.
Que dirons-nous du chant qui est l’interprétation vocale de la musique mais avec ce petit quelque chose en plus qui vient de la vie, de sa chaleur et de ses émotions ? L’universalité de ce mode d’expression fait du chant une sublimation de la musique. Sous toutes les latitudes et dans toutes les cultures, la voix reste cet instrument vivant qui sait rendre au mieux les émotions ressenties par l’humanité toute entière.
L’origine de cette pratique a fait l’objet de nombreuses théories mais le fait de chanter est sûrement né en même temps que l’homme, peut-être même est-il la base de la communication si on exclut les grognements de l’homme de Cro-Magnon. Nous ne savons rien des origines du chant, mais on peut supposer que l’imitation des bruits de la nature, l’eau qui coule, le chant des oiseaux ou des cigales ou encore le vent dans les arbres, a été primordiale pour communiquer, informer ou exprimer ses émotions dans les communautés primitives. On peut aussi supposer que les codes et les intonations ont été établis tout au long de la pratique de ces échanges qui eux-mêmes ont dû s’affiner et se séparer de la parole. Ce ne sont que des élucubrations d’érudits cherchant toujours des explications sur ce sujet qui ne peut, à mon sens, être dissocié de celui de l’existence de l’homme lui-même. Tout cela pour dire que chanter est comme marcher, rire ou pleurer, c’est un attribut de l’être humain ! Cependant on reconnait désormais que beaucoup d’animaux possède aussi cette faculté même si nous ne savons pas décrypter ce qui la provoque.
Au fil des siècles le chant s’est vu attribuer un rôle social, il a participé à la cohésion des groupes communautaires, développer les techniques afin de le rendre agréable à l’oreille et l’instituer en une discipline artistique en même temps que la musique instrumentale. Mais aujourd’hui où en est le chant ? On peut dire qu’il s’est placé en tête de l’expression artistique, non seulement par la grande diversité des genres mais aussi par l’exceptionnelle qualité des interprétations.
Pour l’heure revenons à notre question : « pourquoi chanter ? », tout simplement parce que cela doit nous faire du bien. Parmi tous les bienfaits du chant on en retiendrait que les plus ressentis et identifiés, d’abord physiquement, tels que l’amélioration des situations de stress donc du sommeil, le renforcement de la capacité pulmonaire et une meilleure posture. On décrit aussi un meilleur maintien de la mémoire en stimulant les zones associées à l’apprentissage des textes et des mélodies. Cependant parmi tous les bienfaits de l’expression vocale, les plus recherchés restent : la confiance en soi, la libération des sentiments refoulés, la libération des émotions enfouies et beaucoup d’autres sensations allant jusqu’à l’éveil de la spiritualité.
Dans tout cela on peut conclure que la musique et le chant participent non seulement au bien-être individuel mais aussi au renforcement des liens sociaux en créant des relations amicales entre membres de communautés de chants et de musiques. Les orchestres, les chorales et les groupes qui se réunissent à seule fin d’exercer leur passion. Enfin le chant et la musique conduisent souvent à l’élévation de l’âme et créent ainsi une relation bénéfique à la paix entre les hommes. Un lien par lequel la compréhension et peut-être même l’empathie apportent l’espoir d’un adoucissement à notre société en souffrance. Alors ne nous privons pas de chanter ou de pratiquer un instrument !